jeudi 25 février 2016

Alpinisme à 6088 m: le Huayna Potosí


Photos ici, on en intégrera plus tard dans le récit.

Plusieurs personnes nous ont conseillé de grimper au sommet du Huayna Potosí pour l'expérience. Perché à 6088 mètres, il est relativement accessible pour les débutants.

Alors après quelques semaines d'acclimatation à l'altitude et quelques jours à La Paz, on a réservé un trekking de trois jours auprès de l'agence Climbing South America.

Départ le dimanche matin du 14 février, vers 9h direction le camp de base, avec notre guide du nom de Macario ainsi qu'avec Brad, un américain et son guide Andrès.

Arrivés au camp de base, on commence par déjeuner avant de monter au vieux glacier avec notre équipement pour apprendre à le manipuler.

Sur le glacier au pied du Huayna Potosí, on enfile les crampons, on rajoute une couche pour le froid, on prend en main le piolet et on commence à grimper un peu pour voir comment placer ses pieds sur la glace en montée, en descente en fonction de la pente.

C'est un peu impressionnant mais les crampons et le piolet accrochent bien.

Une fois qu'on "maîtrise" la technique. Les guides installent une corde sur un bord du glacier pour qu'on teste l'escalade sur glace. Pour avoir fait un peu d'escalade sur roche ça n'a rien à voir: il faut planter l'avant du pied dans la glace et faire des petits pas. C'est super sympa!!

Pierre tente le côté un peu plus en dévers. Le guide sans encordage le dépasse en deux deux.

Après s'être bien amusés sur le glacier on redescend se reposer au camp de base. Le temps s'est dégage et on voit bien le sommet du Huayna Potosí.

En attendant le repas, on s'amuse à lancer des cailloux dans un vieux pneu. Difficile de jouer à cette altitude sans sentir tous ses muscles qui travaillent et la pression dans la tête alors il vaut mieux rentrer au refuge se reposer.

Pierre et Brad ressentent déjà un peu la hauteur, avec un léger mal de crâne et filent se coucher après le dîner.

Le lendemain matin on charge nos sacs avec nos affaires personnelles plus notre équipement de montagne. Le sac pèse mais nous n'avons que deux heures d'ascension sur de la roche devant nous jusqu'au campo Roca (5200m).

L'ascension n'est pas trop dure malgré l'altitude. Il suffit de prendre son temps et de respirer au rythme de ses pas.

Arrivés au refuge nous avons tout l'après-midi pour nous reposer. Brad se repose sur son matelas tandis que nous lisons et discutons avec Macario, notre guide sur les conditions de vie en Bolivie. C'est toujours intéressant d'en apprendre plus sur leur culture.

Le repas est servi à 17h. Et oui il faudra se lever à minuit pour la dernière ligne droite ! Il faut être redescendus en début de matinée avant que la neige ne ramollisse.

Au réveil, Pierre a mal à la tête et la nausée. Le guide lui conseille d'essayer tout de même de grimper. L'effort aidant parfois à se sentir mieux.

Vers 1h30 nous démarrons notre ascension, entièrement équipés, chargés d'un snack, d'une doudoune et d'eau. Encordés à Macario, on suit son rythme, relativement lent pour ne pas manquer d'air trop rapidement.

A la première pause, c'est à dire à la première zone relativement plate, après 45min de marche, on retrouve le groupe de quatre chinois qui s'exerçaient avec nous hier sur le glacier.

On reprend notre souffle, on enlève la cagoule qui est de trop malgré la neige qui tombe et on continue.

Pierre, est toujours nauséeux, mais le corps humain est une machine bien faite: le petit dej finit par ressortir et après ça va beaucoup mieux… Les guides n'ayant pas l'air de trouver cela inquiétant, nous poursuivons.

Avant la deuxième pause, il y a un mur à 60 degrés à escalader à l'aide du piolet. C'est assez épuisant et on est contents de se reprendre notre souffle quand on l'a passé.

A ce stade, on a fait à peu près la moitié. On est environ à 5600m. C'est là que ça se corse. Pierre sent qu'il manque d'oxygène au bout de cinq pas et souffle comme un boeuf. Il faut s'arrêter régulièrement pour reprendre son souffle. Adeline souffre moins de l'altitude mais est bien contente de s'arrêter pour respirer.

Les derniers mètres, soit la dernière heure, Pierre est à quatre pattes dans la neige pour avancer. Le guide nous encourage car on voit le sommet. Lui n'a aucun problème pour respirer et sifflote même en montant.

Un dernier effort et nous y sommes: le sommet, 6088m!!

Le soleil s'est levé depuis une demie heure mais le ciel est totalement couvert et on ne voit pas à plus de 10 mètres. Quel dommage d'être au sommet sans la vue…

Nous sommes les seuls en haut ; les autres ont tous abandonné. Comme dirait Macario: champions !

Pour redescendre, Adeline prend la tête de la cordée. A l'aller elle avait plutôt la forme mais pour le retour elle commence à avoir la nausée et le mal au crâne. A son tour de vomir…

On ne mettra que deux heures pour rentrer au refuge. Ça nous paraît tellement facile dans ce sens là.

Arrivés au refuge vers 9h du matin, on ne pense qu'à une chose: dormir pour essayer d'éliminer cette douleur à la tête.

Macario et Andrès nous réveillent vers 10h pour manger un peu, remballer nos affaires et rentrer au camp de base.

Brad est toujours pâteux et n'avale pas grand chose. Il a abandonné l'ascension en milieu de course ayant l'impression à la vitesse des battements de son coeur qu'il allait lâcher.

Nous avons repris des forces et ne souffrons plus.

La descente au camp de base se fait sans problème. Le temps est maintenant hyper clair: quelle frustration!!!

Des salteñas (chaussons à la viande et aux légumes) nous attendent en bas pour notre plus grand bonheur.

L'aventure se termine là. Le chauffeur embarque nos affaires et nous ramène à la Paz.

Ce fut une expérience enrichissante mais éprouvante physiquement non pas à cause de la difficulté de l'ascension mais à cause de l'altitude et du manque évident d'oxygène. Difficile d'imaginer l'effet avant de l'avoir vécu. Nous avons repensé à la réplique du film Everest: "à 6000 m, votre corps va littéralement mourir"... C'est un peu ça !

A recommander tout de même surtout si le temps est dégagé : on a vu des photos c'est magnifique.

mercredi 24 février 2016

La Paz, capitale à 4000 m !

Un long trajet en bus bien confortable (ce n’est pas de l’ironie) nous conduit au matin du mardi 9 février à La Paz.

Photos de La Paz

 

Aujourd'hui est encore un jour férié en raison de carnaval. Le mardi se passe plutôt en famille ou dans les boutiques pour leur bénédiction. La ville est quasi désertique et les magasins dont fermés. Seuls les restaurants à Gringos sont ouverts. On trouve quand même notre bonheur…

L’après midi on prend le temps de découvrir le quartier autour de l’hôtel, près de la place San Francisco et on monte même jusqu’au mercado negro où il y a très peu d’animation, beaucoup de stands bâchés.

Le lendemain, étant donné qu’ils ont prévu de la pluie et qu’ici quand il pleut il vaut mieux être caché, on décide de faire le groupe de musées de la calle Jaén.


Le musée des costumes, le musée du littoral évoquant le moment où la Bolivie possédait encore des terres en bord de mer, le musée de la céramique exposant principalement des pièces de l’époque Tiwanacu, (jusque 1000 après JC, avant les Incas) et enfin le musée Murillo évoquant plutôt la révolution.
L’ensemble de ces musées offre un aperçu rapide de l’histoire et de la culture bolivienne: c’était très intéressant.

Valle de la Luna - Muela del Diablo photos ici
Autour de la Paz, il est possible de faire des sorties à la journée. C’est ainsi que nous sommes allés le jeudi 11, en bus, à la vallée de la Lune. Ne pas s’attendre à un paysage lunaire puisqu’il s’agit en fait d’une colline rocailleuse érodée par les vents secs et la pluie et laissant ainsi un fabuleux spectacle.

Depuis Mallasa, le village voisin, il est possible de rejoindre à pied la muela del diablo (molaire du diable) moyennant la traversée, à gué, du Rio Choqueyapu. A la saison des pluies, le Rio est gonflé et particulièrement boueux, on ne voit pas le fond et le courant est très fort. On déclare forfait et revient au village prendre le minibus.


L’autre solution pour rejoindre la molaire est de prendre le bus jusqu’au quartier de Pedregal. La montée jusqu'au village de Chiaraque puis jusqu’au pied de la molaire est assez éprouvante à cette altitude (environ 3800m). Arrivés en haut, comme d’habitude on est récompensés par la vue.C’est magique, on aperçoit le chemin que l’on à voulu prendre et la vallée de la Lune d’un côté. De l’autre côté, l’immense ville de la Paz. Les couleurs du soir sont magnifiques. Au loin les nuages noirs pointent leur nez mais nous épargnent. 

Le lendemain, on avait prévu de descendre en vélo la carretera de la Muerte (ancienne route de la mort). Malheureusement il y a un blocus à la sortie de la ville qui empêche l’agence de nous y conduire.

A défaut on flâne dans les rues menant au cimetière. Immense terrain où se rencontrent plusieurs sépultures accueillant les dix premières années le corps puis plus tard les cendres du défunt exhumé. Il y a des vrais hlm de tombes !

En redescendant on découvre les marchés avec les stands fermés le premier jour. On y trouve de la nourriture, des fournitures scolaires, des fleurs, des vêtements, des chaussures, des ustensiles de cuisine... Chaque rue ou ruelle a sa spécialité et les prix sont dérisoires. 

 
TIWANACU photos ici

Le vélo devait être reporté le samedi 13 mais n’aura finalement toujours pas lieu. L’occasion pour nous de visiter les ruines de Tiwanacu, entre la Paz et le lac Titicaca. Sur place, on trouve à partager les services d’un guide avec une famille de Paceños (habitants de La Paz) et un Français pour faire la visite des musées et des ruines. C’est nettement mieux de le faire avec un guide car hormis dans les musées il n’y a aucune explication sur le site archéologique.

Impressionnant de découvrir les techniques exploitées bien avant Jésus Christ. Malheureusement, une grande partie des pierres ont été pillées pour construire maisons et églises coloniales, donc il faut un peu d'imagination. Les colons ont aussi “exorcisé” les statues des divinités, c'est-à-dire qu'ils les ont endommagées et enterrées…

 

De dimanche à mardi, l'ascension du Huayna Potosi, sommet à 6088 m sera racontée dans un autre article.  

De retour à La Paz, mercredi 17 février, le blocus a été levé, on peut enfin descendre la Route de la Mort en vélo, balade bucolique racontée là aussi dans un autre article.


MARCHE D’EL ALTO: bric-à-brac et pickpockets

Alors qu'on se demandait comment occuper notre dernière matinée, on entend parler à l'auberge du marché d'El Alto, en haut du téléphérique rouge.

Le téléphérique donne une jolie vue sur la ville, et l'impressionnant cimetière: on se rend compte de son étendue, avec ses immeubles de tombes. En arrivant en haut, on disperse argent et objets de valeur dans des poches difficiles d'accès, le marché étant aussi connu pour ses pickpockets !

Il y a de tout. Le plus étonnant : des stands entiers de pièces détachées de voiture !

Pierre subit aussi 2 tentatives de pickpockets : quelqu'un fait tomber un objet devant vous, passe le bras pour le ramasser et vous faire arrêter, et en quelques secondes vous êtes entouré de 4 personnes. Il faut foncer dans le tas pour sortir vite ! La première fois, ils ouvrent la pochette de l'appareil photo mais il n'y était pas. La deuxième, ils ont eu moins de temps, on connaissait le truc, ils ont failli atteindre le portable. Un copain a eu moins de chance et s'est fait voler son portable. Donnez les objets de valeur aux filles : ces machos attaquent les mecs en priorité, sûrs que c'est eux qui portent la bourse...


On a bien aimé cette ville, avec le charme de la montagne et ses sommets enneigés, l'ambiance bric-à-brac des marchés, ses vieux bus des seventies, et les sorties possibles autour. On a aussi assidument fréquenté un stand de salades de fruits du marché Lanza !
 

Après quelques semaines en altitude, la vie à 4000 mètres parait normale... jusqu'au moment où on monte un escalier un peu trop vite !

L'après-midi, on prend le bus pour Copacabana, au bord du lac Titicaca. A suivre !

lundi 22 février 2016

Route de la Mort : 56 km de descente en VTT

Le 17 février, après plusieurs reports pour cause de blocus routier à la sortie de La Paz, c'est parti pour la "route de la mort" !

On vous racontera La Paz et le Huayna Potosi dans un prochain article...

Derrière ce titre un peu ronflant, se cache une des anciennes routes d'accès à La Paz. Large d'une voie, non goudronnée, à flanc de montagne, elle était parcourue par les camions, bus, voitures et compagnie allant dans les deux sens. A cette époque, il y avait beaucoup d'accidents, d'où son titre de "route la plus dangereuse du monde". Il n'était pas rare qu'un éboulement embarque un véhicule et coupe la route plusieurs jours.

Aujourd'hui, une nouvelle route goudronnée et à deux voies a été construite, l'ancienne route est devenue une attraction touristique avec péage à l'entrée, parcourue surtout par des vélos, et quelques minibus. Au programme, 56 km de descente, sur une piste gravillonnée, avec des paysages magnifiques.

Toutes les photos ici.

Les minibus nous amènent à "la Cumbre", où on découvre les vélos avec une heure de descente sur bitume.

Après un petit casse-croute et quelques km de bus pour passer une montée, nous voilà au début de la Route de la Mort. Casque intégral, protections et gros freins à disque, c'est parti pour l'aventure !



Les photos sont plus parlantes pour raconter l'aventure, dommage que celles de l'agence soient un peu blanchâtres.


Un éboulement a embarqué un bout de route, pour l'instant elle n'est praticable que par des 2 roues...



A la fin de la descente, une "piscine naturelle" nous attend. En fait, un ruisseau dans lequel on peut s'allonger à condition de s'accrocher à un caillou, mais après quelques heures à suer dans un k-way, ça fait toujours du bien !


Après un repas, nous rentrons à La Paz par une bonne route goudronnée, qui nous laisse plus le temps d'admirer le paysage : en vtt, bien concentrés, on n'avait pas toujours le temps de regarder...


Même les vraies routes ne sont pas à l'abri d'un éboulement...


Pas si impressionnant en vélo, de beaux paysages et des bonnes sensations pour ceux qui aiment le vélo. Ca demande quand même d'être bien aguerri : il y a eu quelques bobos dans le groupe. Mais on peut imaginer ce que ça donnait avec des véhicules dans les deux sens, sans les rails de sécurité (posés pour les touristes), les passages à gué jusqu'à 40 cm de profondeur et les zones de croisement minuscules. Sur cette route on roule à gauche, ça veut dire que le conducteur qui descend la route était du côté du précipice !

samedi 20 février 2016

Santa Cruz et le circuit des missions jésuites

Un long trajet en bus sur des routes cabossées, nous ayant valu des réveils en sursaut, nous conduit dans la nuit du vendredi 29 au samedi 30 à Santa Cruz, à proximité de la frontière brésilienne.


Santa Cruz ne regorge pas de sites à visiter, mis à part la belle place centrale.
L’office du tourisme n’est d’aucune aide mais propose en ce moment une exposition sur le Japon.


Les photos de Santa Cruz par ici.


Nos deux jours sur place nous permettent de flâner sur la place, et dans les rues du marché, attrayantes, une fois qu’on les as trouvées.


Difficile de trouver des restaurants ou comedor ouverts ce week-end pour manger un bon repas car beaucoup de commerces sont fermés.

Le lundi direction l’aéroport pour récupérer le petit 4x4 que nous avons loué sur internet pour la semaine. Un bon plan au passage, Auto Escape permet de comparer les loueurs, et d'avoir des meilleurs prix qu'en louant en direct: 120€ d'économie pour la semaine. Petit flip lorsqu’on n’a trouvé personne au guichet d’Europcar à notre arrivée. En fait on avait une heure d'avance, la nana s’est pointée avec “seulement” 30 minutes d'avance: Ouf!!


Suzuki Jimny en mains, nous voici sur le circuit des missions jésuites. Un itinéraire d'un bon millier de km, principalement sur piste, pour visiter des villages fondés par les jésuites à l'est de Santa Cruz.




Premier obstacle: une flaque de boue. On appuie sur le bouton 4x4… et on s’embourbe! Bizarre, pourquoi y'a que les roues arrières qui patinent ? Ha non fallait appuyer longtemps sur le bouton. En 4 roues motrices ça marche vachement mieux !


Une fois qu'on a compris ça, le Jimny est un engin rigolo pour ce genre de balade: ça se faufile partout, même avec les pneus de route.


Suite des aventures: le Río Grande à traverser. Heureusement la saison des pluies n’est pas à son maximum. Petit passage à gué guidés par les gars du chantier (un pont est en construction) puis deuxième partie sur un bac (20€ la traversée, une somme ici).



La route jusqu'à San Javier n’est pas de tout repos, caillouteuse, parsemée de trous qu’il faut éviter. On se fait racketter de 40 € au passage par les flics sous prétexte qu'on a le permis français mais pas l'international. Nous arrivons à San Javier lorsque le soleil est déjà couché mais trouvons sans mal une logement car tous sont au bord de la route.


San Javier

Le mardi 02 nous explorons les alentours de San Javier en attendant que l’église soir accessible. Pour l’instant elle est bondée d’élèves ; à priori c’est la messe de rentrée.
Une route bien cabossée nous conduit aux aguas thermales, quelques bassins d'eau chaude dans le jardin d'une maison. La chaleur et l'humidité ne donnent pas envie d'eau chaude… Puis plus loin, à l’entrée du sentier à la cascade Tumbó. Heureusement que les gens du coin sont là pour nous guider car il n’y a pas beaucoup de panneaux par ici. Le tourisme en Bolivie c'est toute une aventure...


Le sentier conduisant à la cascade est bourrée de moustiques, ils piquent même à travers les chaussettes… On s'arrose copieusement de répulsif. On est censés pouvoir se baigner dans la cascade mais à cette saison elle n’est pas vraiment claire. Le site reste agréable, à part les moustiques.


De retour au village il est temps de manger un morceau. On en profite pour faire de la monnaie pour pouvoir visiter le musée. Ce dernier retrace l’histoire des missions, présente quelques sépultures et des instruments de musique de l’époque. Un peu désorganisé mais intéressant et seul moyen de voir l’église en dehors des cérémonies. Les fresques sont jolies et la charpente superbe.


Concepción


En milieu d’après-midi nous revoici sur la route en direction de Concepción. Petit village très mignon avec ses petites rues pavées (recouvertes de terre), son église et sa place centrale.


Par chance l’office du tourisme est encore ouvert à notre arrivée et nous fournit un plan des alentours à visiter.


Notre objectif de ce soir est de faire du change car nous n’avons quasi que des billets de 200 (15€). Le problème est que personne n’a de change sur 200 et que la banque est fermée. On paiera l’auberge demain lorsqu’on aura des petites coupures.


Mercredi 03 on souhaite visite l’aire protégée des Orchidées sensée recenser des centaines d’espèces, située à El Encanto à 40km de Concepción. Après une bonne heure d'une piste fraîchement labourée, le panneau indicatif nous conduit à l’entrée du sentier écologique. Quelques flèches au début du chemin à peu près bien tracé puis plus rien. Nous avons fait 40km pour ne rien voir. Enfin si la vue depuis un petite colline… Déjà qu’on était limite pour l’essence..


Sur le chemin du retour on passe par San Isidro. Les villageois nous indiquent le petit chemin menant à la cascade. Elle est claire et très jolie. Pas suffisamment limpide pour qu’Adeline se jette à l’eau mais Pierre y trempe les pieds. Il y a plein de papillons!! Et dans les flaques sur le monticule rocheux plein de petites grenouilles. L’endroit est super mignon.


Retour à Concepción vers 18h. Nous sommes bloqués ici pour la nuit car la station essence n’a pas pu être réapprovisionnée en raison d’un blocus à Santa Cruz. Il n’est pas certain que le prochain village à 80 km n’en ait non plus. Laissons passer la nuit on verra demain car vu le nombre de motos qu’il y a on va bien trouver quelqu'un avec un bidon.


Le lendemain matin, la file d'attente à la station nous informe qu'elle a été approvisionnée. Mais avant, un tour au musée tout de même. Personne à l’accueil mais la porte est ouverte. On rentre et on met le prix du billet dans le tronc. On admire les maquettes d’églises: des églises des missions, et d'autres plus modernes, construites par Hans Roth, l'architecte qui a géré la restauration des églises des missions. A la fin de la visite nous voici enfermés dans le musée: oups ! La fenêtre nous permet d’alerter les gens sur le trottoir qui se débrouillent pour nous ouvrir. Décidément Concepción ne veut pas nous laisser partir.


Finalement après plus d’une heure d’attente à la station service pour faire le plein nous voilà repartis.


San Ignacio de Velasco

Arrivés en milieu d’après midi, jeudi 04, à San Ignacio, nous avons le temps pour trouver un hôtel, grignoter un morceau, se balader le long de la laguna guapomo, tenter de trouver une grotte (les indications de l'office du tourisme sont toujours aussi vagues), assister à une manifestation à propos des élections du moment puis flâner sur la place la nuit tombée. Des jeunes y répètent une chorégraphie certainement pour le carnaval qui aura lieu ce weekend. Ils manquent de synchronisation mais c’est sympa de les voir se défouler.


Ce soir l’église est fermée mais le vendredi après le petit déjeuner nous découvrons que les portes sont ouvertes. Il aurait été dommage de quitter San Ignacio sans y mettre les pieds. On vient pour ça à la base.


San Miguel de Velasco


Étant partis en fin de matinée de San Ignacio, c’est en début d’après midi que nous arrivons à San Miguel, petit village dont seule la place est pavée… et couverte de boue. Un vieil homme chargé de la maintenance de la mission nous ouvre l’église et nous explique son histoire. C’est plus sympa de discuter avec quelqu'un que de lire un écriteau dans un musée. Le vieil homme est très intéressant.


San Rafael de Velasco


N’ayant pas grand chose de plus à faire ici on file vers San Rafael, toujours pour visiter la mission. 

Puis vers Santa Ana puisque nous avons le temps d’y faire l’aller retour. L’église est fermée, mais on nous indique le responsable des clés. Il nous fait découvrir tout d’abord un site archéologique: un serpent en pierre de 25 mètres de long. Ensuite nous pénétrons dans l’église de Santa Ana, nettement moins restaurée et plus modeste que les précédentes elle reste d’autant plus chargée d’histoire. On devine les fresques recouvertes de mica. Le petit papi nous fait une petite démonstration d'orgue, toujours fonctionnel: magnifique pièce.


De retour à San Rafael, auberge trouvée.. enfin hôtel trouvé car peu de logements, et la responsable de l’auberge était exécrable. On a eu notre quota d'aubergiste dingo merci. On mange sur des tables déployées au bord de la route le soir: c’est génial cette ambiance.


Le lendemain à notre grande surprise, nous avons le droit à un petit déjeuner avec du pain au fromage et un café: quel luxe!!


San José de Chiquitos


Nos affaires remballées, il est temps pour nous de rejoindre San José. Arrivés là bas le samedi 06 février, ils sont en plein préparatifs de carnaval. On ne pensait pas qu’un petit village comme ça serait si prisé en cette période: les hôtels sont pleins. Finalement après avoir arpenté plusieurs rues et demandé conseil on trouve une chambre pour 100 Bs, cher pour la qualité mais pas envie de dormir dans la voiture.


Tout l’après-midi on attend patiemment sur la place que la fête commence, on nous avait dit 15h. Elle met du temps à démarrer et le défilé bat son plein après 21h00. L’ambiance est bonne enfant avec les jets d’eau, de mousse et les bombes à eau. Le vendeur de bières nous dit qu’il faut boire jusqu'à trois heures du matin. On ne relèvera pas le défi, on a de la route… Nous n’avons pas beaucoup de photos des chars et des quelques costumes: l'appareil était à l'abri de l'eau à l'auberge, et le téléphone ne fait pas der belles photos la nuit.


Couchés pas trop tard malgré la joyeuse ambiance dans les rues, nous reprenons la route pour Santa Cruz le dimanche 07. En partant nous nous arrêtons sur le site archéologique de Santa Cruz la Vieja. Comme son nom l’indique il s’agit de l’ancien site de la ville de Santa Cruz, construite par Nuno de Chavez et déplacée dans les années 1600 pour éviter les nombreuses attaques indigènes.


On tente aussi sans succès de se balader autour de la laguna Concepción sur la route du retour, mais une fois de plus, sans guide on abandonne.


A Santa Cruz, malgré ce dimanche de carnaval il ne se passe pas grand chose dans les rues hormis les jeunes qui s’amusent à bombarder les passants d’eau et de peinture. Certains français à l’auberge sont revenus très colorés de leur petit tour en ville. Pour notre part nous avons été épargnés.


Le lendemain, lundi 08, c’est férié pour les Boliviens, toujours en raison du carnaval. Nous devons rendre la voiture aujourd'hui, propre… mais impossible de trouver une station qui accepte de laver la voiture aujourd'hui ou du moins de nous mettre de l’eau à disposition. Du coup on la rendra telle qu'elle. Difficile de faire l’état des lieux avec toute cette terre mais le mec n’a pas fait d’histoire, juste un petit surcout de nettoyage.


En plus du carnaval il y a un blocus aux abords de Santa Cruz et d’après les news, demain le terminal de bus sera fermé. C'est une des coutumes locales pour manifester, ils bloquent les routes, parfois 2 semaines… Il faut absolument qu’on parte aujourd'hui alors direction la gare routière en début d’après-midi et à 16h30 nous voici dans le bus directo pour La Paz.

Le circuit des missions n'est “pas wouaw”, mais permet de se plonger dans l'histoire et la vie des Boliviens hors des villes. Des pistes boueuses et détrempées où on bénit les 4 roues motrices, certaines fois à 30 km/h de moyenne. Des routes goudronnées où on doit piler soudainement pour ne pas casser une jante dans un énorme nid de poule. Une journée d'attente et une heure de queue pour un plein d'essence. Des km et des km de routes en cours de construction. Des villages attachants chargés d'histoire. Et en s'éloignant des villes, des petits hameaux où les poules et les cochons de baladent en liberté entre des cases en terre et chaume.

lundi 8 février 2016

Randonnée autour du cratère de Maragua

Après quelques jours à Sucre (n'oubliez pas d'aller voir l'article précédent), nous avions choisi de participer à une randonnée avec guide de 4 jours organisée par Condor trekkers. Association à but non lucratif, ils tiennent un restaurant et organisent des randonnées, en faisant profiter les petits villages alentours.


Le minibus nous dépose à Chataquilla, où fait connaissance avec notre guide, Jhonny, et le reste du groupe, principalement francophone mais pas seulement.

On découvre une petite chapelle dédiée à la vierge "Guadalupe". La culture locale se mélange au christianisme: l'autel est couvert d'offrandes de coca et d'alcool. Contrairement au Tío de la mine, la Vierge semble être non fumeuse !
Les fidèles brûlent également des offrandes dans la chapelle.

Par contre, à l'extérieur, nos dernières illusions s'en vont: même les "peuples originaires" sensés respecter la Pacha Mamá (Terre Mère) n'ont pas bien compris le concept de la poubelle. Faudra s'y faire…

Le premier jour emprunte principalement un chemin datant des Incas. On découvre les peintures rupestres d'Inca Machay et Puma Machay, relativement modestes par rapport aux grottes françaises mais chut, on ne veut pas vexer nos hôtes !

On a aussi le droit à un festival de montagnes de toutes les formes et toutes les couleurs. L'histoire géologique du coin à été riche pour donner autant de diversité !

Après une descente éprouvante sur un chemin plein de caillasses, un pont suspendu nous attend. Il est assez récent, auparavant la rivière se traversait dans une petite nacelle suspendue à un câble ! Il nous reste quelques kilomètres de piste avant de rejoindre le hameau de Chaunaca, où des Cabañas (genre de petits gîtes rustiques) nous attendent.

Les locaux ont la volonté de développer le tourisme, mais ils sont encore un peu débutants: de l'eau chaude dans une douche sur les deux, ménage approximatif et couchage spartiate. Mais ça ne nous gêne pas, et il faut se dire que la plupart des gens du coin n'ont pas la moitié de ça, donc ils ne peuvent pas devenir des pros du tourisme en un clin d'oeil !

Chaunaca est un tout petit hameau, le seul commerce est une mini épicerie tenue par une mamie centenaire (selon Jhonny). Pas de pancarte, et une seule pièce qui sert de commerce, pièce principale, chambre à coucher, et stockage d'ingrédients de médecine traditionnelle.

Le lendemain, nous traversons des paysages de terre rouge érodée par les pluies, puis un canyon où la succession des couches fait un millefeuille de roches. Le chemin aboutit dans le cratère de Maragua. Il s'agit d'une formation non volcanique, les géologues pensent que les plaques ont comprimé cet endroit depuis toutes les directions, ce qui l'a fait monter en lui donnant sa forme. La forme de cuvette récupérant les pluies, ça donne un petit oasis où on cultive blé, fèves, pommes de terre…

Jhonny nous emmène d'abord à la "tienda" pour acheter quelques bières et autres ravitaillement. Là non plus pas de panneau, il faut connaître.

La dame fait également du tissage, l'occasion de voir en cours de réalisation un tissu Jalq'a comme on a admiré au musée de Sucre.
Le tissage Jalq'a est une improvisation en noir et rouge, représentant des animaux sauvages et imaginaires. Un petit porte-monnaie comme on a acheté à la dame demande 3 semaines (15€). Une toile de 100x50 cm demande 8 mois et vaut environ 400€. Le temps de tissage étant bien évidemment partagés avec les travaux quotidiens de la ferme.

On pose nos affaires aux cabañas et on va se doucher à la cascade. Un peu d'eau fraîche fait du bien après une journée assez physique et plutôt chaude !

Après le repas, la vaisselle est interrompue: plus d'eau, le réservoir du village est vide ! "Ça arrive de temps en temps, il faut attendre."

Le lendemain matin, l'eau n'étant pas revenue, il faut faire le plein des bidons au ruisseau pour finir la vaisselle !

Le 3ème jour commence par une bonne côte pour ressortir du cratère, puis le paysage change, assez rocailleux avec des cultures en terrasse. On voit quelques traces de dinosaures en cours de route.
A la descente vers Potolo, les paysages sont rouges et bleus, à cause des minéraux. Les couleurs sont malheureusement bien fades sur les photos comparées à la réalité.

Potolo n'est pas un village selon Jhonny mais une "ciudad". Effectivement il y a plus de villageois que dans les villages précédents.

Juste le temps le lendemain de prendre le chemin de croix jusqu'à l'église du village qui offre un bon point vue et nous devons déjà rentrer car le bus nous attend.

Génial ce trek de 4 jours en compagnie de : Flora et Grégory, notre petit couple franco-italien ; Philippe et Sylvie, nos quinquagénaires débordant d'énergie ; Laurence et Niels, les belges de la bande ; Camille, notre pharmacienne et bien sûr Jhonny, notre guide et Abby, une volontaire originaire de Californie. Merci à eux tous pour ces superbes moments. D'habitude on est pas trop fans des randos en groupe, mais là c'était très sympa. Et dans ce coin pas très touristique, sans guide on raterait plein de choses !

Sucre, ville d'Histoire


Nous arrivons à Sucre sans problème, en fin d'après-midi. Petite ville de 260 000 habitants, capitale constitutionnelle de la Bolivie à 2800 mètres d'altitude, elle s'est développée notamment grâce aux richesses de Potosí à l'époque où l'argent coulait du Cerro Rico.

Cette fois, on a repéré les auberges sur la carte à l'avance, donc le porte à porte est assez vite fait, on se pose au Charcas, en face du marché. Pas vraiment un modèle de calme, mais propre et bon marché. On a des bouchons d'oreilles, ça fait partie du kit de survie pour les bus et les auberges!

Le marché est immense, il occupe un bloc entier, et on peut y manger toute la journée pour environ 2€ par personne. Dans ces petits boui-bouis on a une bonne chance de se choper une petite tourista, mais il faut y passer un moment où à un autre de toute façon…

Dimanche, au petit dej sur le marché, les locaux nous parlent du parc du crétacé: sur le site d'une usine de ciment, ils ont trouvé des traces de dinosaures. Apparemment c'est LE truc à faire. On va jusque là, mais finalement on ne rentre pas: il est trop tard pour la visite des traces, et le reste est plutôt destiné aux enfants. Des traces on en verra plus tard en rando.

On se balade dans le centre, où on admire les beaux bâtiments. On pousse jusqu'au parc Bolivar, où c'est un sacré bazar: il y a un monde fou et les bombes à eau volent dans tous les sens !
Le soir, on flâne sur la place principale, bien animée avec ses vendeurs ambulants et quelques danseurs.

Lundi on fait journée musées: d'abord le musée des arts indigènes, qui se concentre surtout sur le tissage. L'association qui l'a créé lutte contre la disparition de l'art du tissage: en achetant et commercialisant des tissus, il incite les villageois à perpétuer la tradition et à la transmettre aux enfants. Le musée présente des oeuvres de différentes cultures locales, qui sont toutes des oeuvres uniques, avec les motifs et des couleurs différents suivant les cultures. On verra 2 tisserandes Jalq'a au travail pendant notre rando dans les montagnes.

Près du musée, l'ancien couvent de la Recoleta offre une belle vue sur la ville.

Puis le musée folklorique qui présente des masques utilisés par les danseurs de différentes régions pour les fêtes.

Mardi, c'est le départ en randonnée dans les environs du cratère de Maragua, racontée dans l'article suivant.