samedi 16 avril 2016

Jungle à Lagunas: 8 jours inoubliables

Dimanche 20 mars, c'est parti pour 8 jours de pirogue dans la jungle ! On termine les préparatifs chez Acatupel pendant qu'une pluie battante s'abat. Ça promet !


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Il n'y a qu'une petite partie des photos dans l'article, allez voir l'album complet ici.

Après un petit tour de motocar, nous voici à l'entrée de la réserve Pacaya Samiria. Pendant que Hill et Asinto préparent les pirogues, on se fait attaquer par les moustiques. La veste imperméable les arrête, mais pas le pantalon et les chaussettes, même aspergés de répulsif. Ici, le pourcentage de DEET est rarement affiché sur les répulsifs, donc c'est dur d’en trouver un bon. Visiblement, celui-ci c'est du pipi de chat. 15 minutes dans la jungle et on rêve déjà de “cinq sur cinq zones infestées”... Ça promet !


Les locaux sont tellement habitués aux moustiques qu'ils n'ont pas de boutons, à peine si ça gratte un peu.

Heureusement, le temps que les pirogues soient prêtes, la pluie s'est calmée et n'est plus qu'un crachin, et une fois sur l'eau, les moustiques nous fichent un peu la paix.

Nous sommes tous les deux sur la pirogue de Hill, et Asinto transporte les bagages et la nourriture. A l'aller, on est dans le sens du courant, donc les guides n'ont pas besoin d'aide, ils pagayent seuls.


Hill est un pro de la jungle, guide depuis 14 ans. Asinto connaît seulement la zone proche de l'entrée, il est en stage.

Les deux premiers jours, on est dans la partie la plus fréquentée, la plupart des gens se contentant de 5 jours. Plus on avance, et plus la notion de rivière et de berges s'estompe. C'est la saison des pluies, les locaux appellent ça l'hiver, et beaucoup de terres sont inondées. L'avantage, c'est que beaucoup d'arbres sont en fruits, ça attire les animaux autour du rio, et surtout les singes, qui en été se cachent au fin fond de la forêt. L'inconvénient, c'est que c'est la saison des moustiques…

Nos guides ont des yeux de lynx: tout en ramant, ils repèrent plein d'animaux et d'oiseaux.

Les petits singes sont les plus amusants: plutôt curieux et pas trop craintifs, ils nous regardent passer, nous permettant de faire des photos sympa.


Les singes rouges sont plus timides. Quand on est loin, ils font un bruit d'enfer, le concert de grognements donne l'impression qu'on approche d'un village de barbares partant en guerre. Mais dès qu'ils remarquent les pirogues, c'est le silence et tout le monde se cache dans les feuillages. Une seule fois, on arrive à approcher sans se faire repérer, et on peut voir le concert de près.


Adeline repère un paresseux. Il nous amuse bien, avec ses mouvements dignes d'un papi qui a fumé trop d'herbe à 5000 mètres d'altitude ! Et avec sa tête qui tourne à 180°, difficile de savoir où est le devant et où est le derrière. Il bouge de 50 cm, et après cet effort monstrueux, il faut qu'il se repose un peu… 

Nos guides débusquent une jeune anaconda. Elle fait moins de 2 m, mais elle a déjà une bonne force. Vu l'odeur de poisson pas frais qu'elle dégage, facile de deviner son régime alimentaire !

Près de certaines des cabanes, des colonies d'oiseaux noirs et jaunes (classique cul jaune) construisent des nids tissés suspendus. Ils ont toute une palette de cris, et peuvent imiter d'autres animaux, c'est assez marrant de rester à les écouter. Un cri ressemblant à un miaulement nous a bien amusés !

Il y a aussi des arbres impressionnants. La plupart ont des racines très larges pour pouvoir monter haut malgré le sol gorgé d'eau l'hiver.

Les journées sont longues sur la pirogue mais les paysages sont superbes et les animaux nous fascinent. Pour passer le temps Hill nous cueille des chimbiyus, petits fruits contenus dans une cosse à sucer pour retirer la pulpe du noyau, très appréciés des singes, nous aussi on aime bien.

Et le soir, baignade dans le rio en guise de douche. Pas rassurant de ne pas voir le fond, mais les guides disent que ça craint rien. 
 

Les 3ème et 4ème jours, on s'enfonce plus loin dans la réserve, laissant derrière nous la zone explorée par les excursions de 5 jours, on ne verra plus de touristes. On voit grosso modo les mêmes animaux qu'avant, mais en plus grand nombre. Il y a beaucoup de perroquets, qui volent généralement en couple et en criant. Et des pics, rapaces, toucans, martins-pêcheurs...

A la cabane où on passe la 3ème nuit, il y a un plancher sur pilotis, un toit mais pas de murs… et pas de toilettes. Beaucoup de moustiques, un vrai plaisir de se mettre les fesses à l'air en pleine forêt dans ces conditions ! Les guides des différentes organisations se relayent par roulement de 10 jours pour avoir une présence sur place, mais leur priorité semble plus être de pêcher un maximum de poissons et de les saler pour les ramener, que d'améliorer les lieux.

A partir de là, il y a des piranhas. Ils n’attaquent que s'il y a du sang, Pierre continue à se baigner. Mais Adeline est privée de baignade, pas de chance, mauvaise semaine…

Après le repas du midi, composé de poisson (notre alimentation de la semaine), Hill nous emmène découvrir la Victoria, une plante aquatique gigantesque. Espèce en voie de disparition on ne la trouve qu’à un endroit précis de la réserve qu’Asinto ne connaissait pas non plus. La fleur éclos progressivement pour former un énorme cercle. Les racines sous l’eau forment un réseau bien solide. 


À la nuit tombée, on part à la chasse aux crocos. Hill repère les yeux qui brillent à la torche. Il attrape d'abord un tout petit, et un un peu plus grand, qu'on peut prendre sans danger. 

Le troisième est nettement plus costaud, Hill le tient fermement !


A l'âge adulte, ils peuvent faire plus de 6 mètres. Les adultes sont plus loin dans la réserve, heureusement !


La cabane de la 4ème nuit est la plus rustique. Non gardée, son toit n'est plus bien étanche, et Asinto passe à travers le plancher, heureusement sans bobo. A 4 jours de rame ou 1 jour de moteur, il faut mieux éviter de se casser un truc… On y est assaillis par les moustiques, à tel point qu'on finit par se mettre en bottes, veste et pantalon imper, plus moustiquaire de tête. On crève de chaud mais on est protégés ! 

On pêche un peu. Adeline commence par un petit poisson.


Puis un piranha ! Pendant que Pierre est occupé à immortaliser ce moment, son premier poisson à lui mord et se barre avec la canne à pêche ! Heureusement, c'était juste une branche, un fil et un hameçon. Il faut écourter à cause de la pluie qui commence. 


Hill va relever son filet : des piranhas ! Et un malchanceux qui a rencontré les piranhas...


On mange sous la moustiquaire, et on se couche sans se laver malgré l'odeur de chien mouillé qu'on dégage après avoir bien mariné dans les K-way: pas le courage d'aller affronter les moustiques !

Le 5ème jour, on attaque le retour. A contre courant, il faut que tout le monde pagaie ! Pierre passe avec Asinto, Adeline reste avec Hill. Un peu d'hésitation au début le temps de comprendre comment se pilote une pirogue: à l'inverse du kayak, c'est le guide, à l'avant, qui dirige.

Hill connaît les raccourcis par coeur, on coupe les lacets de la rivière. Certaines fois, à la machette avec le fond de la pirogue qui racle ! On s'amuse bien à faire du slalom en pirogue.


On s'arrête pour une petite balade à pieds. Veste imper, grosse dose de répulsif, à l'attaque ! Asinto et Hill nous montrent pas mal d'arbres et de plantes. Beaucoup ont des vertus médicinales, mais pas une seule ne repousse les moustiques ou apaise les boutons, dommage.

Et un ergon, qui fait la sieste dans un tronc. C'est un des serpents les plus agressifs et venimeux de la forêt. 
 

5ème soir, retour à la cabane du 3ème, celle sans murs ni toilettes. On refait une partie de pêche. Pierre attrape son premier poisson, le même petit qu’Adeline.

Et chou blanc pour Adeline. Heureusement que Hill et Asinto sont plus doués sinon on aurait pas mangé beaucoup de protéines ! On finit par rentrer parce que les guides se font bouffer par les moustiques. Nous on a attaqué un autre flacon de répulsif nettement plus efficace, et on a mis les K-way, donc ça va.

6ème soir, retour à la cabane du 2ème.

En mangeant, on discute avec Manuel, le garde-parc qui tient la cabane. Il fait des roulements de 30 jours sur place et 10 à la maison, seul à part les touristes de passage. Il s'ennuie ferme: il y a plein de travail sur la cabane, mais pas d'outils ni de budget.

7ème soir, retour à Poza Gloria.

Plus de piranhas, on saute tous les deux à l'eau en attendant le repas.

On est contents de retrouver des gens avec qui discuter et jouer aux cartes: nos guides sont du genre timides, les soirées étaient plutôt calmes. On sympathise avec Charlène et Loïc, qui sont au début de leur voyage, un an pour faire à peu près comme nous dans l'autre sens.

8ème jour, la remontée devient vraiment physique, il y a du courant, et les pagaies en bois sont lourdes.

On a la chance de voir 3 paresseux, dont une mère avec son petit !


Dernière baignade et gommage à l’argile en attendant le repas du midi.


On a passé 8 jours inoubliables, une grande expérience. Nos guides, de l'agence Acatupel (acatupel.com) étaient un peu timides, on aurait aimé qu'ils nous racontent un peu plus d'histoires. Mais ils connaissaient bien la forêt, on a pu voir beaucoup d'animaux grâce à eux.

On a adoré les singes et les paresseux.

De décembre à avril, les moustiques sont pénibles. Des vêtements en tissu anti moustiques auraient été une bonne idée. Et un bon répulsif: ça doit chauffer la peau quand on l'applique, presque brûler. Sinon, c'est qu'il est trop dilué.

5 jours, c'est le minimum pour profiter, 7 c'est top. Le 8ème n'apporte pas forcément grand chose.
La traversée complète de la réserve, 20 à 28 jours à descendre le rio, fait un peu rêver Pierre, mais en été, quand il n'y a pas de moustiques. Un jour peut-être…

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